Épuisement maternel

Voici le récit d’une période particulière de ma vie, que je n’ai pas envie d’oublier, ni de minimiser, même si cela me semble très loin maintenant et que justement certains détails ou certaines sensations s’effacent.

Novembre 2022. Mon fils fête ses 1 an. C’est mon deuxième enfant, et je ne peux m’empêcher de comparer, établir des parallèles, analyser cette seconde maternité sous le prisme de la première. Je me retourne sur les un an de ma fille, printemps 2020, et les mois qui ont suivi. Et là, le choc est net tellement le contraste est immense, vertigineux même. Je me souviens de la fatigue, d’être fatiguée de cette fatigue. Je me sentais épuisée par le quotidien, la monotonie, l’isolement.

C’est la première fois que j’écris ces maux, pas la première fois que je les pense. La nouveauté c’est que le quotidien avec mon fils à la maison, la routine à quatre, tout se passe sereinement (après une période d’adaptation et de baby clash bien difficile au début, mais c’est une autre histoire !). Et c’est de cette différence constatée que je pose ces mots sur ma première maternité : épuisement maternel, ou burnout parental si on préfère.

De quoi s’agit-il ?

Le burn-out maternel peut être définit comme un syndrome d’épuisement familial, qui entraîne une souffrance psychologique ou physiologique.
Le burn-out maternel est d’abord lié à des facteurs externes (vie familiale mais aussi vie professionnelle, facteurs divers de stress, etc.) qui vont entraîner une surcharge mentale et un stress dont les conséquences vont être progressives.
Le burn-out maternel peut avoir des conséquences sur la santé et le bien-être des mères et avoir des répercussions importantes sur leur vie de famille.

source : https://psy-enfant.fr/burn-out-maternel-definition-test/#Les_3_phases_du_burn-out_maternel

Plus loin sur ce même site, on précise que c’est l’environnement qui cause une souffrance ou un épuisement car le parent fait trop d’effort pour s’y adapter.

C’est ce que j’ai vécu en 2020.

2020 tout le monde s’en souviendra. Année de la pandémie, année de bouleversements. Après avoir passé presque un an à la maison à m’occuper de ma fille, avec des nuits hachées, un allaitement un peu difficile à mettre en place, et toute l’intensité que représente les douze premiers mois d’une vie, je planifiais avec joie mon temps éloignée d’elle quelques heures par-ci par-là pendant qu’elle serait à la garderie, avant d’envisager la crèche. J’avais hâte de souffler, de me consacrer un peu plus à mon podcast, d’aller à la piscine, de planifier notre prochain séjour dans ma famille en France. N’ayant pas de relais au quotidien (à part mon mari) et un tissu social faible à ce moment-là, la déception, le désespoir même, ont été à la hauteur de mes attentes quand tout ces projets ont dû être balayés par la pandémie.

Il a fallu prendre sur soi et s’adapter, vivre en apnée dans une ambiance très anxiogène qui s’installait alors. Pas de projections, une vie au jour le jour, et une plus grande fatigue qui pèse de plus en plus sur moi. J’ai même développé des troubles du sommeil : j’étais en hypervigilance et n’arrivais pas à m’endormir sans mon conjoint à mes côtés.

Un autre épisode m’a alertée de mon état d’épuisement. J’ai oublié le code de notre porte pour rentrer chez nous après une petite promenade en porte-bébé dans le quartier. Le code que je compose tous les jours (je précise que ce n’est pas le code de l’immeuble mais bien de notre porte pour notre appartement !). Après de nombreux essais, j’ai dû emprunter le téléphone du gardien pour appeler mon mari (heureusement que je connais son numéro par cœur !). Ce trouble de mémoire m’a poussée à faire une analyse sanguine et il s’est avéré que j’avais une légère hypothyroïdie. J’aurais dû faire un bilan plus complet car peut-être que j’étais carencée aussi, qui sait ?

La fatigue. La fatigue. La fatigue. Et ce quotidien, ces tâches qui l’accompagnent, cette routine qui me pèse et dont je ne peux me défaire.

Les siestes de notre enfant me permettaient de souffler, mais pas assez. Vers ses 15 mois, elle ne dormait plus pour l’une des deux siestes, signe annonciateur de changement de rythme, mais je préférais la laisser jouer dans son lit pour me reposer le plus possible, être loin d’elle pour me ressourcer, bref être à mon écoute plutôt que celui de ses besoins car c’était tout simplement vital pour moi.

Environ 5 mois après le début du corona, j’insiste pour l’inscription en crèche. Ce n’est plus possible. Je n’en peux plus. Et virus ou non, ma santé mentale pèse plus lourd dans la balance face à l’angoisse sanitaire.
Une place en crèche a rapidement été trouvée et l’adaptation s’est bien passée. Cela a été salvateur !

Cela m’a permis de me remettre petit à petit, et même d’envisager une deuxième grossesse quelques mois plus tard. J’ai réussi à penser mon avenir professionnel (encore en construction !), et j’ai pris la décision d’abandonner complétement mon podcast (j’en parle en détail ici). Tous ces changements ne sont pas forcément liés à mon épuisement, car la pandémie a ajouté sa dose d’incertitudes et de remises en question, mais cet état et le contexte dans lequel je l’ai vécu m’ont poussée dans mes retranchements, d’aller à l’essentiel. C’est dans cette période difficile que j’ai repris le yoga, et que j’ai renoué avec l’écriture.

Mon deuxième post-partum a été difficile sur bien des aspects, notamment le sommeil et la relation avec mon conjoint, accompagnés d’émotions fortes, parfois très négatives, et pourtant j’ai su me préserver, aller plus loin dans l’écoute de moi-même, avancer vers des jours plus doux et sereins.
Ce qui m’a aidée cette fois-ci : tenir un journal de gratitudes pendant quelques mois, pratiquer la cohérence cardiaque presque quotidiennement, reprendre une activité sportive progressivement, lire et bien sûr, écrire. Quelques minutes ou plus grignotées par-ci par-là pour me créer ma bulle à moi. Et puis, de manière générale, je mangeais mieux, et je me suis mise beaucoup moins de pression pour alléger ma charge mentale (j’ai très vite abandonné les couches lavables).

Il n’y a pas vraiment de conclusion à ce texte, si ce n’est que j’ai eu la chance de m’en sortir seule. Je n’ai pas eu besoin de consulter, ou plutôt je n’en ai pas ressenti le besoin urgent, sûrement parce que je ne savais pas ce qui m’arrivait, et que le relais de la crèche est vraiment venu à temps pour me permettre de souffler. Mais je sais aujourd’hui que cela peut-être une solution.

La parentalité est un long cheminement, parfois trop solitaire, parfois merveilleux, parfois les deux et tellement d’autres choses ! Je vous souhaite de trouver votre chemin et de prendre soin de vous.

.

Ressources sur l’épuisement maternel :

Le blog suivant, une mine d’informations : https://mamanenburnout.com/

L’association Maman Blues, sur la difficulté maternelle : https://www.maman-blues.fr/

Le podcast La Matrescence y a consacré un épisode : https://lamatrescence.fr/episode-82-le-burn-out-parental-isabelle-roskam-professeure-de-psychologie-et-chercheuse/

N’hésitez pas à compléter ces ressources dans les commentaires et votre expérience si le cœur vous en dit !

2 commentaires sur “Épuisement maternel

  1. En parcourant des recherches, je suis tombé sur ton article…. Ça fait un bail et un parcours. Je crois qu’on avait échangé lorsque j’étais encore au Costa Rica…
    Tout d’abord je te félicite ! J’ai 4 filles et les 3 premières ont 2 ans de différence. Je crois que nous vivons toutes plus ou moins fort tout ce que tu décris. Et chacune de nous doit se donner le droit de S’écouter (et non écouter….. Les autres), sans être jugée Surtout !!!

    Je t’encourage à vivre pleinement ta vie avec le pouvoir que nous avons les mamans de switcher entre famille, travail, vie sociale en coordonnant cela comme des reines !
    Ça m’a fait plaisir 😍

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire